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était visiblement préoccupé ; Fray Ambrosio feignit de ne pas s’en apercevoir et continua :

— Oui, il paraît que Son Excellence le gouverneur a chargé votre père d’aller au-devant du régiment de dragons qui doit renforcer la garnison, afin d’accélérer sa marche.

— C’est vrai, je l’avais oublié.

Après avoir prononcé ces quelques paroles, le jeune homme retomba dans son mutisme.

Le moine et le gambusino ne comprenaient rien à la conduite de l’Américain, ils se perdaient en conjectures sur les raisons qui l’amenaient dans le rancho ; ils devinaient instinctivement que ce qu’il leur avait dit sur son père n’était qu’un prétexte, un moyen d’introduction, mais qu’un motif puissant qu’il ne voulait ou n’osait pas dire l’avait conduit auprès d’eux.

De son côté, le jeune homme en venant au rancho del Coyote, où il savait que doña Clara était retenue par ses ravisseurs, n’avait cru y rencontrer qu’Andrès seul, avec lequel, d’une façon ou d’une autre, il aurait, du moins il l’espérait, fini par s’entendre. La présence du moine dérangeait tous ses plans.

Cependant l’heure pressait, il fallait prendre un parti, profiter surtout de l’éloignement providentiel du Cèdre-Rouge qui lui fournissait une occasion que, sans doute, il ne retrouverait pas.

XIII.

Discussion orageuse.

Schaw n’était pas timide, nous l’avons dit ; l’excès contraire aurait pu lui être plutôt reproché ; il n’était