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XII.

Fin contre fin.

Le Cèdre-Rouge ne resta pas longtemps sous le coup du sanglant outrage qu’il avait reçu.

L’orgueil, la colère et surtout le désir de se venger lui rendirent le courage, et quelques minutes après le départ de don Pablo Zarate, le squatter avait retrouvé toute son audace et son sang-froid.

— Vous le voyez, señor padre, dit-il en s’adressant à Fray Ambrosio, nos projets sont connus de nos ennemis : il faut donc nous hâter si nous ne voulons pas voir ici faire irruption ceux dont nous avons si grand intérêt à nous cacher. Demain soir au plus tard, peut-être avant, nous partirons ; ne bougez pas d’ici jusqu’à mon retour. Votre visage est trop bien connu à Santa-Fé pour que vous vous hasardiez sans imprudence à le montrer dans les rues.

— Hum ! murmura le moine, ce démon que je croyais mort est un rude adversaire ; heureusement que bientôt nous n’aurons plus à redouter son père, car je ne sais trop comment nous nous en tirerions.

— Si le fils nous a échappé, fit le Cèdre-Rouge avec un mauvais sourire, il n’en est pas de même du père, heureusement. Soyez sans inquiétude, don Miguel ne nous donnera plus d’embarras.

— Je le souhaite vivement, Canario ! car c’est un homme déterminé ; mais je vous avoue que je ne serai complétement tranquille que lorsque je l’aurai vu tomber sous les balles des soldats chargés de son exécution.

— Vous n’aurez pas longtemps à attendre ; le général Ventura m’a ordonné d’aller au-devant du régi-