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lequel il éprouvât de la sympathie, pourtant elle lui imposait, malgré lui, et ce n’était qu’avec une extrême réserve qu’il lui confiait ses secrets de jeune homme, secrets qui depuis quelques jours avaient acquis une importance que lui-même ne soupçonnait pas, mais que sa sœur, avec cette intelligence innée chez la femme, avait devinés déjà.

Schaw songeait, nous l’avons dit.

La nature indomptée du jeune sauvage se révoltait vainement contre une force inconnue qui, tout à coup, avait surgi dans son cœur, l’avait maîtrisé et dompté malgré tous ses efforts.

Il aimait !

Il aimait sans savoir même la signification de ce mot amour, qui résume ici-bas toutes les joies et toutes les douleurs humaines

Vainement il cherchait à se rendre compte de ce qu’il éprouvait, aucune lumière ne venait luire dans son cerveau et éclairer les ténèbres de son cœur.

Il aimait, sans désir et sans espoir, obéissant malgré lui à cette loi divine qui oblige l’homme le plus abrupte à rechercher vainement une compagne.

L’homme est partout le même : quelle que soit la condition dans laquelle il se trouve, il arrive toujours un moment où la solitude lui fait peur, où son cœur éprouve malgré lui le besoin d’aimer, en un mot, où la société de la femme lui devient indispensable.

Schaw pensait à doña Clara ! Il l’aimait, comme il était susceptible d’aimer, avec cette fougue de passion, cette violence de sentiment que sa nature inculte comportait.

La vue de la jeune fille lui causait un trouble étrange, dont il ne pouvait se rendre compte !