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sa poitrine disparaissait littéralement sous le nombre infini de croix de toutes sortes dont chaque président l’avait gratifié en arrivant au pouvoir.

En résumé, le général Ventura était un brave homme nullement méchant, fait pour être soldat autant que pour être cardinal, et qui n’avait qu’un but : celui d’être président de la république à son tour ; mais ce but, il le poursuivait activement sans jamais s’en écarter en quoi que ce soit.

S’il avait accepté la place de gouverneur du Nouveau-Mexique, c’était par la raison toute simple que Santa Fé étant fort éloigné de Mexico, il avait calculé qu’il lui serait facile de se faire un pronunciamiento en sa faveur et de devenir président de la république ipso facto.

Il ignorait, en venant à Santa Fé, que la province qu’il allait gouverner était incessamment menacée des incursions indiennes ; sans cela, tout avantageux que le poste de gouverneur fût pour ses projets, il aurait refusé net et décliné catégoriquement un honneur aussi périlleux.

Il avait appris avec la plus grande terreur l’entrée des Comanches dans la ville, et lorsque l’officier qui s’était chargé du message de l’Araignée se présenta à lui, il avait perdu littéralement la tête.

On eut toutes les peines du monde à lui faire comprendre que les Indiens venaient en amis, qu’ils désiraient seulement causer avec lui, et que depuis leur arrivée leur conduite avait été des plus dignes et des plus exemplaires.

Heureusement, pour l’honneur espagnol, d’autres officiers entrèrent dans l’appartement où se trouvait le gouverneur, attirés au palais par la nouvelle, qui