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IX.

L’Ambassade.

Le jour même où le père Séraphin était venu dans la prison proposer aux prisonniers de s’évader, un fait assez étrange avait mis en rumeur toute la population de Santa-Fé.

Voici ce qui était arrivé :

Vers midi à peu près, au moment où les habitants de la ville, retirés au fond de leurs demeures, faisaient la siesta, et que les rues calcinées par les rayons d’un soleil incandescent étaient complétement désertes, un hourra formidable, le terrible cri de guerre des Indiens comanches, éclata à l’entrée de la ville.

Ce fut un sauve-qui-peut général ; chacun se barricada chez soi, croyant à une invasion subite des sauvages.

Bientôt une clameur immense, cris de détresse et de désespoir poussés par une population aux abois, s’éleva dans toute la ville.

Déjà plusieurs fois, dans leurs incursions périodiques, les Comanches avaient dirigé leurs pas vers Santa-Fé sans cependant s’en rapprocher autant, et le souvenir des cruautés qu’ils avaient exercées contre les malheureux Espagnols tombés entre leurs mains était encore présent à toutes les mémoires.

Cependant quelques habitants, plus hardis que les autres ou n’ayant rien à perdre, s’étaient, bien qu’avec les plus grandes précautions, dirigés vers l’endroit où les hourras s’étaient fait entendre ; alors un singulier spectacle s’était offert à leurs yeux.

Un détachement de guerriers comanches à pied,