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auprès des siens. Que mon frère le chasseur soit inquiétude, l’Unicorne veille.

Après avoir prononcé ces quelques mots, le chef salua ses amis, sortit de la caverne, descendit dans le ravin, se mit en selle et disparut au galop dans la direction du désert.

Généralement les Indiens parlent peu, ils détestent les longs discours ; mais on peut entièrement compter sur leur parole lorsqu’ils s’engagent sérieusement à faire une chose.

Dans cette circonstance, Valentin avait mille raisons d’être satisfait de son entrevue avec le chef comanche dont il était fort aimé, et qui lui avait de grandes obligations.

Le père Séraphin fut moins satisfait que le chasseur.

Le digne prêtre n’était, ni par nature, ni à cause de son ministère, d’avis d’employer les moyens violents qui lui répugnaient ; il aurait voulu, ce qui était impossible, que tout s’arrangeât doucement et sans courir le risque de verser du sang.

Cependant, trois semaines se passèrent sans que l’Unicorne parût donner efficacement suite au projet qu’il avait développé devant Valentin.

Le Français apprit seulement d’une manière indirecte qu’un fort parti de guerriers comanches avait envahi les frontières mexicaines.

Le père Séraphin, bien que non encore complétement guéri de sa blessure, avait absolument voulu se rendre à Santa-Fé pour tenter quelques démarches en faveur de don Miguel, dont le procès avait marché sans entraves, et qui était sur le point d’être exécuté.

De son côté, don Pablo, dévoré d’inquiétudes, s’était obstiné, lui aussi, malgré les prières et les ob-