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car je connais son cœur, et je sais que le grand esprit du Maître de la vie réside en lui.

— Que mon frère s’explique, répondit l’Unicorne ; il parle à un chef, il doit ôter la peau de son cœur, et laisser son sang couler rouge et limpide devant un ami. Le grand chasseur blanc est une partie de moi-même ; pour que je refusasse une demande émanant de lui, il faudrait que je fusse arrêté par une impossibilité flagrante.

— Merci, frère, dit Valentin avec émotion ; vos paroles sont passées de vos lèvres dans mon cœur qu’elles ont réjoui. Je ne me suis pas trompé, je vois que je puis en toute chose compter sur votre amitié à toute épreuve et votre loyal concours. Acumapicthzin de Zarate, le descendant des Tlatoanis (rois), Mexicain, l’ami des Peaux Rouges, que toujours il a protégés, est prisonnier des Gachupines[1] ; ils l’ont conduit à Santa-Fé, afin de le mettre à mort et enlever aux Indiens le seul ami qui leur reste.

— Et que veut faire mon frère ?

— Je veux sauver mon ami.

— Bon, répondit le chef ; mon frère réclame mon aide pour réussir dans ce projet, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Bon. Le descendant des Tlatoanis sera sauvé ; que mon frère se rassure !

— Je puis donc compter sur l’aide de mon frère ? demanda vivement Valentin.

Le chef sourit.

L’Unicorne tient entre ses mains des Espagnols qui lui répondront de la vie du prisonnier.

  1. Porteurs de souliers, sobriquet donné par les Indiens aux Espagnols à l’époque de la conquête.