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Pennis (frères), répondit une voix.

— C’est Curumilla, fit Valentin ; allons à sa rencontre.

Don Pablo le suivit.

Ils atteignirent l’Indien, qui marchait lentement, obligé qu’il était de soutenir, presque de porter, le missionnaire.

Lorsqu’il avait roulé en bas de son cheval, le père Séraphin avait instantanément perdu connaissance.

Longtemps il était demeuré étendu dans le fossé où il était tombé ; cependant, peu à peu le froid de la nuit l’avait fait revenir à lui.

Dans le premier moment, le pauvre prêtre, dont les idées étaient encore obscurcies, avait jeté autour de lui des regards inquiets en se demandant comment il se trouvait là et quel concours de circonstances étranges l’y avait amené.

Il voulut se relever, mais alors une douleur cuisante, qu’il sentit à l’épaule, réveilla ses souvenirs ; cependant il ne s’abandonna pas. Seul, la nuit, dans le désert, exposé à mille dangers inconnus, dont le moindre était d’être dévoré par les bêtes fauves, sans armes pour se défendre, trop faible d’ailleurs pour le tenter quand bien même il en aurait eu, il résolut cependant de ne pas rester dans cette position terrible et de faire les plus grands efforts pour se relever et se traîner tant bien que mal jusqu’au Paso, éloigné de trois lieues tout au plus, où il était sur de trouver les secours que son état exigeait.

Le père Séraphin, de même que la plupart des missionnaires qui se dévouent généreusement au bonheur de l’humanité, était un homme qui, sous une apparence débile et presque féminine, cachait une éner-