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sont un peu sortis de la torpeur dans laquelle ils se complaisaient et ont tenté de grands efforts pour coloniser leurs provinces et appeler sur leur sol, si riche et si fécond, des hommes intelligents, travailleurs et industrieux, qui pussent changer la face des choses et faire régner l’abondance et la richesse partout où, avant eux, ne se trouvaient que ruines, désolation, incurie et misère.

Malheureusement, les nobles efforts tentés jusqu’à ce jour sont, par une fatalité incompréhensible, restés sans résultat, soit à cause de l’apathie naturelle des habitants, soit par la faute du gouvernement mexicain lui-même.

Cependant de grands propriétaires, comprenant toute l’opportunité de la mesure proposée et combien il était de leur intérêt de combattre l’influence mortelle, pour leur nationalité, des invasions américaines, se sont généreusement dévoués à la réalisation de cette grande question d’économie sociale qui, malheureusement, devient de plus en plus irréalisable.

En effet, dans l’Amérique du Nord deux races ennemies se trouvent en présence :

La race anglo-saxonne et la race espagnole.

Les Anglo-Saxons sont dévorés d’une ardeur de conquête et d’une rage d’envahissement que rien ne peut arrêter ni même retarder.

On ne peut voir sans étonnement les tendances expansives de ce peuple mobile et singulier, composé hétérogène de toutes les races que la misère ou les mauvais instincts ont, dans le principe, chassé d’Europe, et qui se sent gêné dans un immense territoire que pourtant sa faiblesse numérique l’empêche d’occuper tout entier.