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Rayon-de-Soleil, que les chiens apaches avaient attachée sur un bois flottant au courant du Gila, et que les hideux alligators se préparaient à dévorer. Depuis que sa femme, la joie de son foyer, et son fils, l’espoir de ses vieux jours, lui sont rendus, l’Unicorne cherche dans son cœur les moyens de vous prouver sa reconnaissance ; il a demandé au Chef de la vie ce qu’il pourrait faire pour vous attacher à lui. L’Unicorne est terrible dans les combats, il a le cœur de l’ours gris pour ses ennemis, il a le cœur de la gazelle pour ceux qu’il aime.

— Chef, répondit Valentin, les paroles que vous prononcez en ce moment nous payent amplement de ce que nous avons fait ; nous sommes heureux d’avoir sauvé la femme et le fils d’un célèbre guerrier : notre récompense est dans notre cœur, nous n’en voulons pas d’autre.

Le chef secoua la tête.

— Non, dit-il, les deux chasseurs ne sont plus des étrangers pour les Comanches ; ils sont des frères pour notre tribu. Pendant leur sommeil, l’Unicorne a réuni autour du feu du conseil les chefs de sa nation, il leur a rapporté ce qui s’est passé : les chefs se sont rangés à l’avis de l’Unicorne ; ils l’ont chargé de faire connaître aux chasseurs la résolution qu’ils ont prise.

— Parlez donc, chef, répondit Valentin, et croyez que les désirs du conseil seront des ordres pour nous.

Un sourire de joie plissa les lèvres du chef.

— Bon ! dit-il. Voilà ce qui a été convenu entre les grands chefs : mes frères les chasseurs seront adoptés par la tribu, ils seront désormais fils de la grande nation comanche. Que disent mes frères ?