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bien, lorsqu’il leur plaît, mettre dans leurs paroles.

Les deux hommes s’inclinèrent en signe de remercîment.

Le chef continua :

— L’Unicorne retourne à son village avec sa femme, Ses jeunes hommes l’attendent à vingt pas d’ici ; il serait heureux que les chasseurs voulussent bien l’accompagner jusque-là.

— Chef, répondit Valentin, nous sommes descendus dans la prairie pour chasser le bison.

— Eh bien, que fait cela ? mes frères chasseront avec moi et mes jeunes gens ; mais s’ils veulent me prouver qu’ils acceptent mon amitié, ils me suivront jusqu’à mon village.

— Le chef est à cheval, tandis que nous sommes à pied.

— J’ai des chevaux.

Résister davantage eût été commettre une grave impolitesse, les chasseurs acceptèrent l’invitation.

Valentin, jeté par le hasard de ses courses aventureuses dans les prairies du rio Gila et du del Norte, n’était pas fâché intérieurement de s’y faire des amis, et d’avoir au besoin des alliés dont il pourrait réclamer l’appui.

La squaw s’était levée ; elle s’approcha timidement de son mari et lui présenta son enfant en lui disant d’une voix douce et craintive :

Owai paysk Ik Ihomogonisk (embrassez ce guerrier).

Le chef prit la frêle créature dans ses bras nerveux et la baisa à plusieurs reprises avec un emportement de tendresse inouïe, puis il la rendit à sa mère.

Celle-ci l’enveloppa d’une petite couverture, puis elle l’attacha sur une planche en forme de corbeille,