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Les Apaches sont lâches comme des coyotes, ils ne combattent que cent contre un ; les guerriers comanches sont comme la tempête.

— Ma sœur est la femme d’un thatoani (cacique) ?

— Quel est le guerrier qui ne connaît pas l’Unicorne ? répondit-elle avec orgueil.

Valentin s’inclina. Déjà plusieurs fois il avait entendu prononcer le nom de ce chef redoutable ; Mexicains et Indiens, chasseurs, trappeurs et guerriers, tous avaient pour lui un respect mêlé de terreur.

— Rayon-de-Soleil est la femme de l’Unicorne, reprit l’Indienne

Jectli (bon), répondit Valentin ; ma sœur me dira où se trouve l’altepetl (village) de sa tribu, et je la reconduirai près du chef.

La jeune femme sourit.

— J’ai dans le cœur un petit oiseau qui chante à chaque instant du jour, dit-elle de sa voix douce et mélodieuse ; le cuicuitzcatl (hirondelle) ne peut vivre sans sa compagne, le chef est sur la piste du Rayon-de-Soleil.

— Nous attendrons donc le chef ici, répondit Valentin.

Le chasseur trouvait un plaisir extrême à causer avec cette naïve enfant.

— Comment ma sœur avait-elle été attachée ainsi sur un tronc d’arbre et livrée, pour y périr avec son enfant, au courant du Gila ? c’est une vengeance atroce !

— Oui, répondit-elle, c’est la vengeance d’une chienne apache. Aztatl (le héron), la fille de Stanapat, le grand chef des Apaches, aimait l’Unicorne, son cœur bondissait au seul nom du grand guerrier comanche ; mais le chef de ma nation n’a qu’un cœur,