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Le premier des deux chasseurs était un homme de trente-huit ans au plus, d’une taille élevée et bien prise ; ses membres musculeux et bien attachés dénotaient une grande vigueur corporelle, jointe à une légèreté sans égale ; bien qu’il affectât toutes les manières des Peaux-Rouges, il était facile de reconnaître qu’il appartenait non-seulement à la race blanche sans mélange, mais encore au type normand ou gaulois.

Il était blond ; ses grands yeux bleus et pensifs, ornés de longs cils, avaient une expression de tristesse indéfinissable ; son nez était légèrement busqué, sa bouche grande et ornée de dents d’une éblouissante blancheur ; une épaisse barbe d’un blond cendré couvrait le bas de son visage ; sa physionomie respirait la douceur, la bonté et le courage sans forfanterie, mais complété par une volonté de fer.

Son compagnon appartenait, lui, évidemment à la race indienne, dont il avait tous les signes caractéristiques ; mais, fait étrange, il n’était pas cuivré comme les aborigènes américains du Texas et du Nord-Amérique ; son teint était brun et légèrement olivâtre.

Il avait le front haut, le nez recourbé, les yeux petits mais perçants, la bouche grande et le menton carré ; bref, il offrait le type complet de la race araucane, qui habite, au sud du Chili, un mince territoire.

Ce chasseur avait le front ceint d’un bandeau couleur de pourpre, dans lequel, au-dessus de l’oreille droite, était plantée une plume d’aigle des Andes, signe qui sert à distinguer les ulmènes ou chefs des Aucas.

Ces deux hommes, que le lecteur a sans doute reconnus déjà et qui ont joué un rôle important dans un