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la prairie la pâture des bêtes fauves et des oiseaux de proie ; ainsi laissez-moi agir : avez-vous vu le père Séraphin ?

— Je l’ai vu, oui. Notre pauvre ami est encore bien faible et bien pâle, sa blessure est à peine cicatrisée ; cependant, sans tenir compte de ses souffrances et puisant des forces dans son dévouement sans bornes pour l’humanité, il a fait tout ce dont nous étions convenus. Depuis huit jours il ne quitte mon père que pour courir auprès de ses juges ; il a vu le général, le gouverneur, l’évêque, tout le monde enfin, il n’a négligé aucune démarche ; malheureusement, jusqu’à présent, tous ses efforts sont demeurés infructueux.

— Patience ! dit le chasseur avec un sourire d’une expression singulière.

— Le père Séraphin croit savoir que mon père sera mis avant deux jours en capilla. Le gouverneur veut eu finir, voilà l’expression dont il s’est servi ; nous n’avons pas un instant à perdre, m’a dit le père Séraphin.

— Deux jours sont bien longs, mon ami ; avant qu’ils soient écoulés, il peut se passer bien des choses.

— C’est vrai, mais il s’agit de la vie de mon père, et j’ai peur.

— Bien, don Pablo, j’aime vous entendre parler ainsi ; mais rassurez-vous, tout va bien, je vous le répète.

— Cependant, mon ami, je crois qu’il serait bon de prendre certaines précautions ; songez donc que c’est une question de vie ou de mort qui nous occupe et qu’il faut se hâter. Combien de fois en pareilles circonstances n’a-t-on pas vu échouer les projets les mieux conçus et les combinaisons les plus adroites ! Pensez-vous que vos mesures soient bien prises ? Ne craignez-vous pas qu’un hasard malheureux ne vienne