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lements des chats sauvages se mêlaient aux glapissements des carcajous et aux hurlements des pumas et des jaguars.

Tout à coup le bruit d’une course précipitée s’entendit dans la forêt, et deux cavaliers firent irruption dans la clairière.

En les apercevant, le chasseur poussa une exclamation de joie et s’avança à leur rencontre.

Ces cavaliers étaient don Pablo de Zarate et Curumilla.

— Dieu soit loué ! s’écria le chasseur, vous voilà donc ; je commençais à être inquiet de votre longue absence.

— Vous le voyez, il ne m’est rien arrivé, répondit le jeune homme en serrant affectueusement les mains du chasseur.

Don Pablo était descendu de cheval et avait entravé sa monture et celle de Curumilla près de Valentin, que le lecteur a sans doute déjà reconnu.

Pendant ce temps-là le chef indien avait tout préparé pour le souper.

— Allons, allons, dit gaiement le chasseur, à table. Vous devez avoir appétit, moi je meurs de faim ; en mangeant vous me raconterez ce qui s’est passé.

Les trois hommes se mirent à table, c’est-à-dire qu’ils s’assirent sur l’herbe devant le feu et attaquèrent vigoureusement leur maigre repas.

La vie du désert a cela de particulier que, quelle que soit la position où l’on se trouve, comme généralement les luttes qu’on a à soutenir sont plutôt physiques que morales, la nature ne perd jamais ses droits ; on sent le besoin d’entretenir ses forces pour être prêt à toutes les éventualités ; il n’y a pas d’in-