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de ces trappeurs blancs, dont l’audace est devenue proverbiale au Mexique.

Leur aspect et leur équipement offraient un singulier mélange de la vie sauvage et de la vie civilisée ; leurs cheveux étaient d’une longueur remarquable ; dans ces contrées où l’on ne combat souvent un homme que pour la gloire de lui ravir sa chevelure, c’est une coquetterie de l’avoir longue et facile à saisir.

Les deux chasseurs la portaient élégamment tressée et entremêlée de peaux de loutre et de cordons aux vives couleurs.

Le reste de leur costume répondait à ce spécimen de leur goût.

Une blouse de chasse de calicot d’un rouge éclatant leur tombait jusqu’aux genoux ; des guêtres garnies de rubans de laine et de grelots entouraient leurs jambes, et leur chaussure se composait de ces moksens constellés de perles fausses que savent si bien confectionner les squaws.

Une couverture bariolée et serrée aux hanches par une ceinture de cuir de daim tanné achevait de les envelopper, mais non pas assez, cependant, pour qu’à chacun de leurs mouvements on ne pût voir briller en dessous le fer des haches, la crosse des pistolets et la poignée des machetes dont ils étaient armés.

Quant à leurs rifles, inutiles en ce moment et négligemment jetés à terre auprès d’eux, si on les avait dépouillés du fourreau de peau d’élan garni de plumes qui les recouvrait, on aurait pu voir avec quel soin leurs possesseurs les avaient ornés de clous de cuivre et peints de différentes couleurs ; car tout, chez ces deux hommes, portait l’empreinte des coutumes indiennes.