rieuses réflexions, sans s’occuper le moins du monde des personnes qui se trouvaient auprès de lui.
Curumilla croisa les bras sur sa poitrine, ferma à demi les yeux et demeura immobile.
Cependant l’arrivée des deux hommes, surtout la présence de l’inconnu, avait glacé subitement la faconde des trois personnages ; mornes et silencieux, ils pressentaient instinctivement que les nouveaux arrivés étaient des ennemis, et attendaient avec anxiété ce qui allait se passer.
Enfin le Cèdre-Rouge, sans doute plus impatient que ses compagnons et voulant de suite savoir à quoi s’en tenir, se leva, remplit son verre, et se tournant vers les étrangers toujours impassibles en apparence :
— Señores caballeros, dit-il en imitant cette exquise politesse que possèdent au suprême degré tous les Mexicains, j’ai l’honneur de boire à votre santé.
À cette invitation, Curumilla demeura insensible comme une statue de granit ; l’homme qui l’accompagnait leva lentement la tête, fixa un instant son regard sur son interlocuteur et lui répondit d’une voix haute et ferme :
— C’est inutile, señor, car je ne boirai pas à la vôtre. Ce que je vous dis à vous, ajouta-t-il en appuyant sur ces mots, vos amis peuvent également le prendre pour eux si bon leur semble.
Fray Ambrosio se leva avec violence.
— Qu’est-ce à dire ? s’écria-t-il d’un ton provocateur. Auriez-vous la prétention de m’insulter ?
— Il y a des gens que l’on ne peut avoir la prétention d’insulter, reprit l’inconnu d’une voix incisive. Du reste, retenez bien ceci, señor padre ou soi-disant tel, je ne veux avoir avec vous aucun rapport.