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Don Miguel jugea la position du premier coup d’œil ; il vit que lui et sa troupe étaient perdus.

— Faisons-nous tuer ! dit-il.

— Faisons-nous tuer ! répondirent résolument les conjurés.

Curumilla, d’un coup de crosse, enfonça la porte d’une maison voisine du détachement et se précipita dans l’intérieur ; les conjurés le suivirent.

Bientôt ils furent retranchés sur le toit : au Mexique, toutes les maisons ont les toits plats, en forme de terrasse.

Grâce à l’idée du chef indien, les conjurés se trouvaient en possession d’une forteresse improvisée, du haut de laquelle ils pouvaient longtemps se défendre et vendre chèrement leur vie.

De chaque bout de la rue les troupes s’avançaient ; les toits de toutes les maisons s’étaient garnis de soldats.

La bataille allait s’engager entre ciel et terre : elle promettait d’être terrible. Le général qui commandait les troupes fit faire halte et s’avança seul devant la maison sur le sommet de laquelle les conjurés étaient retranchés.

Don Miguel releva les fusils de ses compagnons qui couchaient en joue cet officier supérieur.

— Attendez, leur dit-il ; et, s’adressant au général : Que voulez-vous ? cria-t-il.

— Vous faire des propositions.

— Parlez.

Le général s’approcha encore de quelques pas, afin que ceux auxquels il s’adressait ne perdissent pas une seule de ses paroles.

— Je vous propose la vie sauve et la liberté si vous consentez à livrer votre chef, dit-il.