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Pourtant nous devons dire, pour rendre complétement justice aux soldats de Fray Ambrosio, que c’étaient tous de rudes chasseurs, habitués de longue main à la vie du désert, qui en connaissaient tous les périls et n’en redoutaient nullement les dangers.

Fray Ambrosio qui craignait pour ses soldats l’influence du mezcal et du pulque, les avait fait camper à l’entrée du désert, à une distance assez grande du Paso del Norte, afin qu’ils ne pussent pas facilement s’y rendre.

Les aventuriers passaient joyeusement le temps à jouer, non pas leur argent, ils n’en avaient pas, mais les chevelures que plus tard ils comptaient enlever aux Indiens, et qui chacune leur représentait une somme assez ronde.

Cependant Fray Ambrosio, dès que son expédition avait été complétement organisée, n’avait plus eu qu’un désir, celui de se mettre en route au plus vite.

Mais pendant deux jours le Cèdre-Rouge fut introuvable.

Enfin, Fray Ambrosio parvint à le découvrir au moment où il rentrait dans son jacal.

— Qu’êtes-vous donc devenu ? lui demanda-t-il.

— Que vous importe, répondit brutalement le squatter, ai-je donc des comptes à vous rendre ?

— Je ne dis pas cela ; cependant, liés comme nous le sommes en ce moment, il serait bon que je pusse savoir où vous prendre quand j’ai besoin de vous.

— Après ? j’ai fait mes affaires comme vous avez fait les vôtres.

— Bon, êtes-vous content ?

— Très-content, répondit-il avec un sourire si-