se séparant de nous, sa voix était sévère, sa parole brève : que se passe-t-il donc, ami ? pourquoi mon père n’a-t-il pas consenti à ce que je l’accompagne ?
Valentin hésita à répondre.
— Je vous en prie, ami, reprit doña Clara, ne nous laissez pas dans cette inquiétude mortelle ; l’annonce d’un malheur nous ferait, certes, moins de mal que cette perplexité dans laquelle nous nous trouvons.
— Pourquoi voulez-vous m’obliger à parler, mes enfants ? répondit le chasseur d’une voix triste ; ce secret que vous me demandez ne m’appartient pas. Si votre père ne vous a pas fait part de ses projets, c’est que sans doute de grandes raisons s’y opposent. Ne me contraignez pas à vous attrister davantage en vous apprenant des choses que vous ne devez pas savoir.
— Mais je ne suis pas un enfant, moi, s’écria don Pablo avec impatience ; il me semble que mon père n’aurait pas dû manquer ainsi de confiance en moi.
— N’accusez pas votre père, mon ami, répondit Valentin gravement, sans doute il ne pouvait pas agir autrement.
— Valentin ! Valentin ! je ne me payerai pas de ces mauvaises raisons, s’écria le jeune homme ; au nom de notre amitié, je veux que vous m’expiquiez !…
— Silence ! interrompit tout à coup le chasseur, j’entends des bruits suspects autour de nous.
Les trois voyageurs s’arrêtèrent en prêtant l’oreille.
Tout était calme.
L’hacienda de la Noria s’élevait à cinq cents pas au plus de l’endroit où se trouvaient les trois personnes.
Ni don Pablo ni doña Clara n’entendirent rien.