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— Ah ! ah ! dit à demi-voix l’inconnu sans autrement s’émouvoir, ce n’est pas toi que j’attendais ; mais c’est égal, sois le bienvenu, compagnon ; caraï ! nous allons en découdre.

Sans perdre le jaguar de vue, il s’assura que son machete sortait facilement du fourreau, ramassa son rifle, et ces précautions prises, il s’avança résolument vers la bête féroce qui le regardait venir sans changer de position.

Arrivé à dix pas du jaguar, l’inconnu jeta sa cigarette, que jusque-là il avait conservée, épaula son arme et mit le doigt sur la détente.

Le jaguar se ramassa sur lui-même et se prépara à s’élancer en avant.

Au même instant un hurlement strident s’éleva du côté opposé de la clairière.

— Tiens ! tiens ! tiens ! dit à part lui l’inconnu avec un sourire, il paraît qu’ils sont deux, et moi qui croyais avoir affaire à un jaguar célibataire ! Cela commence à devenir intéressant, et il lança un regard de côté.

Il ne s’était pas trompé, un second jaguar un peu plus grand que le premier fixait sur lui des yeux flamboyants.


II.

La Lutte.

Les habitants de la frontière mexicaine sont habitués à lutter continuellement contre les fauves, hommes ou bêtes, qui incessamment les attaquent ; l’inconnu ne s’émut donc que médiocrement de la visite inattendue des deux jaguars.