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mate des prairies, et ces millions de fleurs et d’arbres étranges qui composent la flore américaine ; le reste du paysage était couvert de hautes herbes qui ondulaient continuellement sous le pied léger des gracieux antilopes ou des asshatas ou longues-cornes qui, au bruit causé par les pas des voyageurs, bondissaient effarés d’un roc à un autre.

Et bien loin enfin, bien loin, à l’horizon, se confondant avec l’azur du ciel, apparaissaient les pics dénudés des hautes montagnes qui servent de forteresses inexpugnables aux Indiens ; leurs sommets couverts de neiges éternelles encadraient ce tableau immense et imposant, empreint d’une sombre et mystérieuse grandeur.

À l’heure où le maukawis — espèce de caille — faisait entendre son dernier chant pour saluer le coucher du soleil, qui, à demi plongé dans la pourpre du soir, jaspait encore le ciel de longues bandes rouges, les voyageurs aperçurent les tentes des Comanches pittoresquement groupées sur les flancs d’une colline verdoyante.

Les Comanches avaient en quelques heures improvisé un véritable village avec leurs tentes en peaux de bison alignées, formant des rues et des places.

Arrivés à cinq cents pas environ du village, un cavalier indien apparut tout à coup à quelques pas des chasseurs.

Ceux-ci, sans témoigner la moindre surprise, s’arrêtèrent en déployant leurs robes de bison, qu’ils firent flotter en signe de paix.

Le cavalier poussa un cri retentissant.

À ce signal, car c’en était évidemment un, une troupe de guerriers comanches déboucha au galop du