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— Je vous aiderai à préparer l’autel, père, dit Valentin ; votre idée est excellente.

— L’autel est tout prêt, mes amis, veuillez me suivre.

Le père Séraphin les conduisit alors en dehors de la grotte.

Là, au milieu d’une petite esplanade qui se trouvait devant la caverne, un autel avait été dressé par Curumilla et la Plume-d’Aigle sur un tertre de gazon.

Cet autel était simple : un crucifix de cuivre placé au centre du tertre, recouvert d’un drap d’une éblouissante blancheur ; de chaque côté du crucifix deux chandeliers d’étain, dans lesquels brûlaient des chandelles de suif jaune.

La Bible à droite, au milieu le ciboire, et c’était tout.

Le chasseur et les deux Mexicains s’agenouillèrent pieusement, et le père Séraphin commença à offrir le saint sacrifice, servi avec recueillement par les deux chefs indiens.

La matinée était magnifique ; des milliers d’oiseaux, cachés sous la feuillée, saluaient par leurs chants harmonieux la naissance du jour ; une folle brise murmurait sourdement à travers les branches des arbres et rafraîchissait l’air ; au loin, autant que la vue pouvait s’étendre, ondulait la prairie avec ses océans de hautes herbes, incessamment agitées par les pas pressés des bêtes fauves qui regagnaient leurs repaires ; et sur le flanc nu de cette colline, à l’entrée de cette grotte, une des merveilles du Nouveau-Monde, sous l’œil seul de Dieu, servi par deux pauvres sauvages et n’ayant pour auditoire que trois hommes à demi civilisés, un prêtre, simple comme un apôtre, célébrait la messe sur un autel de gazon.