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— Ne vous désolez pas, mon ami ; d’après ce que m’a dit aujourd’hui Valentin, peut-être avons-nous un moyen de déjouer les trames de l’infâme espion qui nous a dénoncés.

— Dieu le veuille ! Mais rien ne m’ôtera de la pensée que Wood est pour quelque chose dans ce qui nous arrive. Je me suis toujours méfié de cet Américain froid comme un glaçon, aigre comme une carafe de limonade, et méthodique comme un vieux quaker. Que voulez-vous attendre de bon de ces hommes qui convoitent la possession de notre territoire, et qui, ne pouvant nous le prendre d’un seul coup, nous le ravissent par lambeaux et par parcelles ?

— Qui sait, mon ami, peut-être avez-vous raison. Malheureusement, ce qui est fait est fait, nos récriminations rétrospectives ne remédieront à rien.

— C’est vrai ; mais vous le savez, l’homme est ainsi partout et toujours ; lorsqu’il fait une sottise, il est heureux de trouver un bouc émissaire qu’il puisse charger des iniquités qu’il se reproche à lui-même : c’est un peu mon cas en ce moment.

— Ne vous donnez pas plus de fautes que vous n’en avez, mon ami, je suis garant de votre loyauté et de la pureté de vos sentimens ; quoi qu’il arrive, soyez persuadé que je saurai toujours vous rendre justice et au besoin prendre votre défense envers et contre tous.

— Merci, don Miguel, ce que vous dites là me fait plaisir et me réconcilie avec moi-même ; j’avais besoin de cette assurance que vous me donnez pour reprendre un peu courage et ne pas me laisser complétement abattre par le coup imprévu qui nous frappe et menace de renverser à jamais nos espé-