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— Ils savent que c’est dans cette salle que nous devons les attendre.

Après ces quelques mots, chacun retomba dans ses réflexions.

Le silence n’était troublé que par les bruits mystérieux de la grotte qui retentissaient presque à intervalles égaux, avec un fracas terrible.

Un laps de temps assez long s’écoula.

Tout à coup, sans qu’aucun bruit sensible pour don Miguel l’eût prévenu, Valentin releva la tête par un mouvement brusque :

— Les voilà, dit-il.

— Vous vous trompez, mon ami, répondit don Miguel, je n’ai rien entendu.

Le chasseur sourit.

— Si, comme moi, fit-il, vous aviez passé dix ans dans le désert à interroger les bruits mystérieux de la nuit, votre oreille serait habituée à ces vagues rumeurs, à ces soupirs de la nature qui, pour vous, n’ont pas de sens en ce moment, mais qui, pour moi, ont toutes une signification et pour ainsi dire une voix dont je comprends toutes les notes, vous ne diriez pas que je me trompe ; interrogez le chef, vous verrez ce qu’il vous répondra.

— Deux hommes gravissent la colline en ce moment, dit sentencieusement Curumilla, il y a un blanc et un Indien.

— Comment pouvez-vous reconnaître cette différence ?

— Bien facilement, répondit en souriant Valentin, l’Indien est chaussé de mocsens qui touchent le sol sans produire d’autre bruit qu’une espèce de frottement, le pas est sûr, fait par un homme habitué à