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mais les deux chasseurs, habitués depuis longtemps à se frayer un passage dans les lieux les plus impraticables, semblaient à peine s’apercevoir de la difficulté de cette ascension, qui eût été impossible pour des hommes moins rompus à la vie du désert.

— Cet endroit est réellement délicieux, disait Valentin avec cette bonhomie complaisante d’un propriétaire qui vante son domaine ; s’il faisait jour, don Miguel, vous jouiriez d’ici d’un point de vue magnifique ; à quelques centaines de pas du lieu où nous sommes, là-bas, sur cette colline à droite, se trouvent les ruines d’un ancien camp aztèque fort bien conservé ; figurez-vous que cette colline, taillée à main d’homme, que vous ne pouvez voir à cause de l’obscurité, a la forme d’une pyramide tronquée, sa base est triangulaire, les escarpements sont revêtus de maçonnerie, et elle est divisée en plusieurs terrasses. La plate-forme a environ quatre-vingt-dix mètres de long sur soixante-quinze de large, aux trois côtés elle est garnie d’un parapet et flanquée d’un bastion au nord. Vous voyez que c’est une véritable forteresse construite dans toutes les règles de l’art militaire. Sur la plate-forme se trouvent les restes d’une espèce de petit teocali, haut de vingt pieds environ, dont le revêtement est fait de larges pierres couvertes d’hiéroglyphes sculptés en relief, qui représentent des armes, des monstres, des lapins, des crocodiles, que sais-je encore ? des hommes assis à l’orientale avec des espèces de lunettes sur les yeux ; cela n’est-il pas réellement curieux ? Ce petit monument, qui n’a pas d’escalier, servait sans doute de dernier refuge aux assiégés, lorsqu’ils étaient serrés de trop près par l’ennemi.