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La route que suivaient les trois hommes les éloignait de plus en plus du Paso del Norte. Autour d’eux, la nature se faisait plus abrupte, le paysage plus sévère.

Ils avaient quitté la forêt et galopaient sur une plaine nue et aride.

De chaque côté du chemin, les arbres, de plus en plus rares, défilaient comme une légion de fantômes.

Ils traversèrent plusieurs ruisseaux tributaires du del Norte, où leurs chevaux avaient de l’eau jusqu’au poitrail.

Déjà se dessinaient devant eux les sombres contre-forts des montagnes vers lesquelles ils s’avançaient rapidement.

Enfin ils s’engagèrent dans un ravin profondément encaissé entre deux collines boisées dont le sol, composé de larges pierres plates et de cailloux roulés, montrait que cet endroit était un de ces desaguaderos qui servent à l’écoulement des eaux dans la saison des pluies.

Ils étaient arrivés au Cañon del Buitre, ainsi nommé à cause des nombreux vautours qui perchent constamment au sommet des collines qui l’environnent.

Le défilé était désert.

Valentin avait sa hutte non loin de là.

Dès que les trois hommes eurent mis pied à terre, Curumilla s’empara des chevaux et les emmena au jacal.

— Suivez-moi, dit Valentin à don Miguel.

L’hacendero obéit.

Les deux hommes commencèrent alors à escalader les flancs escarpés de la colline de droite.

La montée était rude, nul chemin n’était tracé ;