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des rayons lunaires ; cependant les Canadiens, habitués de longue date aux courses de nuit, s’avancèrent aussi facilement au milieu du chaos de lianes et d’arbres, enchevêtrés les uns dans les autres, que s’ils avaient été en plein jour.

Arrivés à un certain endroit où les arbres, un peu moins pressés, formaient une espèce de carrefour et laissaient passer une lueur incertaine et tremblotante, Harry s’arrêta en faisant signe à son compagnon de s’arrêter.

— C’est ici, dit-il ; seulement, comme la personne qui va venir m’attend seul, que votre présence imprévue pourrait l’effrayer, cachez-vous derrière ce mélèze ; surtout ne venez pas avant que je vous appelle.

— Oh ! oh ! fit en riant le chasseur, m’auriez-vous, par hasard, amené à un rendez-vous d’amour, Harry ?

— Vous allez en juger, répondit laconiquement celui-ci, cachez-vous.

Dick, vivement intrigué, ne se fit pas répéter l’invitation, il s’effaça derrière l’arbre que son ami lui avait désigné, et qui, derrière son énorme tronc, aurait pu abriter dix hommes.

Dès que Harry fut seul, il porta les doigts à sa bouche et, à trois reprises différentes, il imita le cri du chat-huant avec une perfection telle que Dick lui-même y fut pris et leva machinalement la tête pour chercher l’oiseau dans les hautes branches de l’arbre auprès duquel il se trouvait.

Presque aussitôt, un léger bruit se fit entendre dans les buissons et une forme svelte et blanche apparut dans le carrefour

C’était une femme.

Cette femme était Ellen.