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L’âcre parfum des fleurs embaumait l’atmosphère.

Les deux chasseurs marchaient toujours.

— Où allons-nous donc ainsi, Harry ? demanda Dick ; il me semble que nous ferions mieux de prendre quelques heures de repos, au lieu de nous fatiguer sans raison et sans but.

— Je ne fais jamais rien sans raison, mon ami, vous le savez, répondit Harry ; laissez-vous donc guider par moi, bientôt nous arriverons.

— Faites comme vous l’entendrez, mon ami, je ne dis plus rien.

— Maintenant, sachez que le chasseur français, que vous connaissez, Koutonepi, m’a prié, pour certaines raisons que j’ignore, de surveiller Fray Ambrosio ; voilà un des motifs qui m’ont fait assister à l’entrevue de ce soir, bien que je me soucie aussi peu d’un placer que d’une peau de rat musqué.

— Koutonepi est le premier chasseur de la frontière, souvent il nous a rendu service dans le désert ; vous avez bien agi, Harry, en faisant ce qu’il vous avait demandé.

— Quant à la seconde raison qui m’a dicté ma conduite, bientôt vous la connaîtrez.

Moitié causant, moitié rêvant, les jeunes gens atteignirent la vallée du Bison, et ne tardèrent pas à s’engager dans la forêt qui servait de retraite au squatter et à sa famille.

— Où diable allons-nous ? ne put s’empêcher de dire Dick.

— Silence, répondit l’autre, nous approchons.

Les ténèbres étaient profondes dans la forêt, l’épaisseur du dôme de feuillage sous lequel marchaient les deux chasseurs interceptait complétement la lumière