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et grisonnants, et tombait sur ses petits yeux gris et ronds rapprochés de son nez recourbé comme le bec d’un oiseau de proie ; sa bouche large était garnie de dents blanches et aiguës ; il avait les pommettes saillantes et violacées, le bas de son visage disparaissait sous une épaisse barbe noire mêlée de poils gris, touffue et emmêlée. Il portait une blouse de calicot rayé, serrée aux hanches par une courroie de cuir brun, dans laquelle étaient passés deux pistolets, une hache et un long couteau ; une paire de leggins en cuir fauve, cousus de distance en distance avec des cheveux, lui tombait jusqu’aux genoux ; ses jambes étaient garanties par des mocksens indiens garnis d’une profusion de perles fausses et de grelots. Une gibecière en peau de daim, qui paraissait pleine, tombait sur sa hanche droite.

Il tenait à la main un rifle américain garni de clous de cuivre.

Nul ne savait qui était le Cèdre-Rouge ni d’où il venait.

Deux ans à peu près avant l’époque où commence ce récit, il avait tout à coup fait son apparition dans le pays, en compagnie d’une femme d’un certain âge, espèce de mégère aux formes masculines, d’un aspect repoussant ; d’une jeune fille de dix-sept ans et de trois vigoureux garçons qui lui ressemblaient trop pour ne pas lui appartenir de très-près, et dont l’âge variait de dix-neuf à vingt-quatre ans.

Le Cèdre-Rouge paraissait avoir cinquante-cinq ans au plus ; le nom sous lequel il était connu lui avait été donné par les Indiens, dont il s’était déclaré l’ennemi implacable, et dont il se vantait d’avoir tué plus de deux cents.