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Valga me Dios ! s’écria le moine en se signant, comme vous avez conservé la fougue de votre origine française ! Ayez un peu de patience, je vais m’expliquer.

— C’est tout ce que nous désirons.

— Mais vous me promettez…

— Rien, interrompit Dick ; nous sommes de francs chasseurs, nous n’avons pas l’habitude de nous engager ainsi légèrement avant de savoir positivement ce qu’on exige de nous.

Harry appuya d’un mouvement de tête les paroles de son ami.

Le moine but un verre de pulque et aspira coup sur coup quelques bouffées de fumée.

— Votre volonté soit faite, dit-il ; vous êtes des hommes terribles. Voici ce dont il s’agit.

— Voyons.

— Un pauvre diable de gambusino, perdu je ne sais comment dans le grand désert, a découvert à une certaine distance, entre le rio Gila et le Colorado, dans une contrée bouleversée par les convulsions de la nature, le plus riche placer que l’imagination la plus folle puisse se figurer. D’après ce qu’il dit, l’or est éparpillé à fleur de terre, dans un réseau de deux ou trois milles, en pépites dont chacune peut faire la fortune d’un homme. Ce gambusino, ébloui par ces trésors, mais incapable seul de se les approprier, a déployé la plus grande énergie, bravé les plus grands périls pour regagner les régions civilisées. Ce n’est qu’à force d’audace et de témérité qu’il est parvenu à échapper aux innombrables ennemis qui l’épiaient et le traquaient de toutes parts ; enfin, Dieu a permis qu’il atteignît le Paso sain et sauf à travers mille dangers sans cesse renaissants.