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Ils étaient jeunes encore.

Le premier, âgé de vingt-cinq ans au plus, avait une de ces physionomies franches, loyales, énergiques, qui appellent la sympathie et attirent le respect.

Son front pâle, son visage d’une blancheur mate, encadré par les épaisses boucles de ses longs cheveux noirs, ses yeux à fleur de tête, couronnés de sourcils bien arqués, son nez aux lignes pures et aux ailes mobiles, sa bouche un peu grande, garnie d’une double rangée de dents d’une blancheur éblouissante, et surmontée d’une fine moustache brune, lui donnaient un cachet de distinction qui ressortait encore davantage à cause de la coupe sévère et peut-être un peu vulgaire des vêtements qui le couvraient.

Il portait le costume des coureurs des bois, c’est-à-dire le mitasse canadien, serré aux hanches et descendant jusqu’à la cheville ; des bottes vaqueras en peau de daim, attachées au genou, et un zarape rayé de couleurs éclatantes.

Un chapeau de paille de Panama était jeté sur la table, à portée de sa main, auprès d’un rifle américain et de deux pistolets doubles, un machete pendait à son côté gauche, et le manche d’un long couteau sortait de sa botte droite.

Son compagnon était petit, trapu ; mais ses membres bien attachés et ses muscles saillants dénotaient une force peu commune ; son visage, dont les traits étaient assez vulgaires, avait une expression railleuse et goguenarde qui disparaissait subitement pour faire place à une certaine noblesse lorsque, sous l’impression d’une émotion forte, ses sourcils se fronçaient, et son regard, ordinairement voilé, rayonnait tout à coup.