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elle était reçue par les cris de joie des guerriers apaches.

Le Chat-Noir fit préparer un calli pour la jeune fille ; puis, après avoir visité les postes et écouté les rapports des éclaireurs, il vint s’asseoir auprès de l’arbre où la Gazelle blanche s’était laissée tomber pour réfléchir aux devoirs nouveaux que lui imposaient les engagements qu’elle avait pris avec le Blood’s Son et le soin de sa vengeance.

— Ma fille est triste, dit le vieux chef en allumant sa pipe au moyen d’une longue baguette garnie de plumes et peinte de diverses couleurs, qui lui servait de talisman ; car, avec cette superstition naturelle à certains Indiens, il était persuadé que s’il touchait une fois le feu avec ses mains, il mourrait sur-le-champ.

— Oui, répondit la jeune fille ; mon cœur est sombre, un nuage s’est étendu sur mon esprit.

— Que ma fille se console, celui qu’elle a perdu sera vengé.

— Les Visages Pâles sont forts, répondit-elle en le regardant fixement.

— Oui, dit le chef, les blancs ont la force de l’ours gris, mais les Indiens ont la ruse du castor ; que ma fille se rassure donc, ses ennemis ne lui échapperont pas.

— Mon père le sait ?

— Le Chat-Noir est un des grands sachems de sa nation, rien ne lui est caché. En ce moment, toutes les nations des prairies, auxquelles se sont joints les demi-sang, s’avancent pour cerner définitivement le rocher qui sert de refuge au grand chasseur pâle ; demain, peut-être, six mille guerriers peaux rouges seront ici. Ma fille peut donc voir que sa vengeance