— Nous allons entrer, reprit Andrès, dans des régions où nos chevaux nous deviendront plus nuisibles qu’utiles ; dans la montagne un piéton passe partout, un cavalier nulle part.
— C’est juste ; laissons donc nos chevaux ici ; les nobles bêtes ne s’écarteront que l’espace nécessaire pour trouver leur nourriture. Lorsque nous en aurons besoin, après quelques instants de recherches, nous serons toujours sûrs de les retrouver.
— Est-ce aussi l’avis de la señorita ? demanda le gambucino avec déférence.
— Parfaitement, répondit-elle.
— Alors mettons pied à terre ; ôtons-leur la selle et le bossal, et abandonnons-les à leur instinct.
Tous trois descendirent, enlevèrent à leurs chevaux les harnais qui pouvaient les gêner et les chassèrent en les frappant sur la croupe.
Les nobles bêtes, habituées à cette façon d’agir, s’éloignèrent de quelques pas à peine, et commencèrent à paître tranquillement l’herbe drue de la prairie.
— Voilà qui est fait, dit le gambucino ; maintenant songeons à nous.
— Mais les harnais, observa la Gazelle blanche, un moment viendra où nous ne serons pas fâchés de les avoir sous la main.
— Parfaitement raisonné, reprit Andrès ; aussi allons-nous les mettre en lieu sûr ; tenez, le creux de cet arbre nous fera un magasin des plus commodes.
— Caramba ! l’idée est originale, dit don Pablo, elle mérite qu’on en profite.
Les trois harnais furent déposés dans le creux de l’arbre découvert par le gambucino, et si bien recou-