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introduirez auprès d’eux, vous captiverez leur confiance, et, lorsque vous aurez obtenu tous les renseignements nécessaires, vous reviendrez ici, afin que nous nous emparions de ce nid de vipères.

Le gambucino réfléchit un instant ; le Blood’s Son crut qu’il reculait.

— Est-ce que vous hésitez ? lui dit-il.

— Reculer, moi ! s’écria le ranchero en secouant la tête avec un sourire étrange ; non pas, seigneurie, au contraire ; seulement je me consulte.

— Pour quelle raison ?

— Je vais vous la dire : la mission que vous me donnez est une mission de vie ou de mort. Si j’échoue, mon compte est bon. Le Cèdre-Rouge me tuera comme un chien.

— C’est probable.

— Ce sera son droit, je n’aurai pas de reproches à lui adresser ; mais, moi mort, je ne veux pas que le misérable échappe.

— Comptez sur ma parole.

La physionomie chafouine du gambucino prit une expression de finesse et de ruse inexprimable.

— J’y compte, dit-il, seigneurie, mais vous avez des affaires très-sérieuses qui prennent presque tout votre temps, et, peut-être sans le vouloir, vous m’oublieriez.

— Vous ne devez pas redouter cela.

— On ne peut répondre de rien, seigneurie ; il y a dans la vie des circonstances fort bizarres.

— Où voulez-vous en venir ? Voyons, expliquez-vous franchement.

Andrès Garote souleva son zarapè et sortit de dessous une petite boîte en acier, qu’il posa sur la table auprès de laquelle était assis le Blood’s Son.