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homme, en proie à une surexcitation nerveuse, était dans les pires dispositions pour faire de la diplomatie.

En arrivant auprès de la Gazelle blanche, il la salua et, sans lui adresser la parole, il continua rapidement sa route.

La Gazelle secoua la tête.

— Je saurai bien le faire parler, dit-elle.

Appliquant alors le chicote sur les flancs de son cheval, elle le mit au galop et vint le ranger aux côtés de celui de don Pablo.

Les deux cavaliers marchèrent ainsi auprès l’un de l’autre assez longtemps sans échanger un mot.

Chacun d’eux semblait craindre d’entamer la conversation, comprenant intérieurement sur quel terrain brûlant elle serait bientôt fatalement portée.

Toujours galopant auprès l’un de l’autre, ils arrivèrent à un endroit où la pente qu’ils suivaient bifurquait et formait deux chemins diamétralement opposés.

La Gazelle blanche retint son cheval et, étendant le bras dans la direction du nord :

— Je vais par là, dit-elle.

— Et moi aussi, répondit sans hésiter don Pablo.

La jeune fille le regarda avec un étonnement trop naturel pour ne pas être joué.

— Où donc allez–vous ? reprit-elle.

— Où vous allez, dit-il encore.

— Mais je me dirige vers le camp du Blood’s Son.

— Eh bien, moi aussi ; que trouvez-vous d’étonnant à cela ?

— Moi, rien ; que m’importe ? fit-elle avec une moue significative.