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quelques morceaux de bois-chandelle dont il s’était muni ; il plaça son fusil en bandoulière, et, se suspendant par les mains, il se laissa tomber au fond de l’arbre.

Sutter et Fray Ambrosio regardaient avec curiosité.

Le squatter battit le briquet, alluma une des torches et l’éleva au-dessus de sa tête.

Le moine reconnut alors que le vieux chasseur de chevelures lui avait dit la vérité.

Le Cèdre-Rouge entra dans la caverne, dans le sol de laquelle il planta sa torche de façon à ce que le creux de l’arbre restât éclairé, puis il ressortit, et au moyen de son lasso rejoignit ses compagnons.

— Eh bien, leur dit-il, qu’en pensez-vous ?

— Nous serons là on ne peut mieux, répondit le moine.

Sans plus hésiter, il se laissa glisser dans le creux, et disparut dans la grotte.

Sutter l’imita.

Seulement il resta en bas afin d’aider sa sœur à descendre.

La jeune fille semblait ne pas avoir conscience de ce qui se passait autour d’elle. Bonne et docile, comme toujours, elle agissait avec une précision et une sécheresse automatique, sans chercher à se rendre compte des raisons qui lui faisaient faire une chose plutôt qu’une autre ; les paroles de son père l’avaient frappée au cœur et avaient brisé en elle les ressorts de la volonté.

Lorsque son père l’eut descendue dans l’arbre, elle suivit machinalement son frère dans la grotte.

Demeuré seul, le squatter fit disparaître avec un soin minutieux toutes les traces qui auraient pu révéler aux yeux clairvoyants de ses ennemis les endroits