Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/406

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le chasseur détacha un cheval qui paissait les jeunes pousses des arbres devant le calli.

— Allez, lui dit-il avec tristesse, allez où votre destin vous entraîne.

Le jeune homme le remercia avec effusion, enfourcha d’un bond le cheval, lui enfonça les éperons dans le ventre et s’éloigna à fond de train.

Valentin le suivit longtemps du regard, puis, lorsque le cavalier eut disparu dans le lointain, il poussa un profond soupir en murmurant à voix basse :

— Lui aussi il aime !… le malheureux !

Et il entra dans le calli qui servait d’habitation à sa mère, afin de lui donner le baiser du matin.


XXXVI.

Le dernier refuge.

Il nous faut à présent retourner auprès du Cèdre-Rouge.

Lorsque le squatter avait entendu les cris des Peaux Rouges et qu’il avait vu briller dans le lointain la lueur rougeâtre des torches à travers les arbres, dans le premier moment il s’était cru perdu, et, cachant sa tête dans ses mains avec désespoir, il s’était affaissé sur lui-même et serait tombé sur le sol, si Fray Ambrosio ne l’avait, heureusement pour lui, retenu à temps.

— Demonios ! s’écria le moine. Prenez garde, compadre, les gestes sont dangereux ici.

Mais le découragement du bandit n’avait eu que la