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Un rayon de joie divine traversa le visage flétri de la vieille dame et l’illumina pour une seconde d’un reflet de bonheur.

— Sois béni, mon fils, lui dit-elle ; tu me rends bien heureuse en m’accordant ce que je te demande.

— Enfin, murmura-t-il avec un soupir étouffé, c’est vous qui le voulez, ma mère ; que votre volonté soit faite, et que Dieu ne me punisse pas de vous avoir obéi. Maintenant à mon tour d’exiger, puisque désormais le soin de votre santé me regarde seul.

— Que veux-tu ? lui dit-elle avec un ineffable sourire.

— Je veux que vous preniez quelques heures d’un repos indispensable après vos fatigues du jour et vos inquiétudes de la soirée.

— Et toi, cher enfant ?

— Moi, ma mère, je dormirai aussi, car si cette journée a été laborieuse, celle de demain ne le sera pas moins ; ainsi, reposez en paix, et n’ayez sur mon compte aucune inquiétude.

Mme Guillois embrassa tendrement son fils et se jeta sur la couche que, par les soins du Rayon-de-Soleil, on lui avait préparée.

Valentin sortit du calli et alla rejoindre ses amis étendus à quelques pas autour d’un feu allumé par Curumilla.

Mais au lieu de dormir, ainsi qu’il l’avait dit à sa mère, le chasseur, après avoir jeté dans le brasier quelques brassées de bois sec afin de l’empêcher de s’éteindre, s’appuya le dos contre un arbre, croisa les bras sur la poitrine, et se plongea dans de profondes réflexions.

La nuit s’écoula presque entière sans que le chasseur songeât à se livrer au repos.