— Mon Dieu, reprit Valentin, vous comprendrez qu’il est très-facile que par une nuit aussi noire le chef, malgré toute son expérience, se soit laissé tromper, surtout à une distance comme celle où nous nous trouvions de l’animal que nous observions et que nous n’avons fait qu’entrevoir ; seulement nous avons commis une lourde faute, et moi tout le premier, en ne cherchant pas à acquérir une certitude.
— Ah ! fit l’Indien, mon frère a raison, la sagesse réside en lui.
— Maintenant il est trop tard pour retourner sur nos pas, le gaillard doit avoir décampé sans demander son reste, dit Valentin tout pensif ; mais, ajouta-t-il au bout d’un instant en regardant autour de lui, où est donc Curumilla ?
Au même instant, à peu de distance où ils étaient, les chasseurs entendirent un grand fracas de branches cassées suivi d’un cri étouffé.
— Oh ! oh ! fit Valentin, est-ce que ce serait l’ours qui ferait des siennes ?
Tout à coup le cri de la pie se fit entendre.
— Voilà le signal de Curumilla, dit Valentin ; quel diable de besogne fait-il donc ?
— Il faut le savoir, et pour cela retourner sur nos pas, observa don Miguel.
— Pardieu ! croyez-vous que j’abandonnerais ainsi mon vieux compagnon ? s’écria Valentin en répondant au signal de son ami par un cri semblable à celui qu’il avait poussé.
— Allons ! reprit don Miguel.
Les chasseurs revinrent sur leurs pas aussi vite que le chemin étroit et dangereux qu’ils suivaient le leur permit.