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fut-il pour l’ours, son cousin, d’une politesse et d’une galanterie dignes d’éloges.

Il le salua, lui parla pendant quelques minutes de la façon la plus affectueuse, tandis que l’ours continuait à se balancer sans paraître attacher grande importance au discours que lui débitait le chef, et paraissait bien plutôt ennuyé que flatté des compliments que lui faisait son cousin.

Le chef, intérieurement piqué de cette indifférence de mauvais goût, fit un dernier signe d’adieu à l’ours et passa.

La petite troupe s’avança quelque temps en silence.

— C’est égal, dit tout à coup Valentin, je ne sais pourquoi, mais j’aurais voulu avoir la peau de votre cousin, chef.

— Ooah ! répondit l’Unicorne, il y a des bisons au camp.

— Pardieu ! je le sais bien, fit le chasseur ; aussi n’est-ce pas pour cela.

— Pourquoi donc alors ?

— Je ne sais, mais cet ours m’avait l’air suspect, il ne me paraissait pas de bon aloi.

— Mon frère veut rire ?

— Non ! sur ma parole, chef, je vous jure que ce gaillard-là m’a paru faux teint ; pour un rien je retournerais afin d’en avoir le cœur net.

— Mon frère croit-il donc que l’Unicorne est un enfant qui ne sait pas reconnaître un animal ? fit le sachem avec hauteur.

— Dieu me garde d’avoir une telle pensée, chef ! je sais que vous êtes un guerrier expérimenté ; mais le plus fin peut se tromper.

— Oh ! oh ! Et que suppose donc mon frère ?