Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/382

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Non, non, mon ami, il faut vous résigner pour cette nuit à percher comme un perroquet, ainsi que vous le dites, si vous ne voulez pas perdre le fruit de toutes vos peines et de toutes vos fatigues.

— Oh ! oh ! puisqu’il en est ainsi, s’écria don Miguel, j’y consens ; quand il me faudrait dormir huit jours sur un arbre, je le ferais plutôt que de laisser échapper ce misérable.

— Soyez tranquille, il ne nous fera pas courir aussi longtemps : le sanglier est aux abois, il ne tardera pas à être forcé. Quelque grand que soit le désert, pour des hommes habitués à le parcourir dans tous les sens il ne possède pas de refuges inexplorables. Le Cèdre-Rouge a fait plus qu’un homme ordinaire pour nous échapper ; maintenant tout est fini pour lui, il le comprend, ce n’est plus qu’une question de temps.

— Dieu vous entende, mon ami ! Je donnerais ma vie pour me venger de ce monstre.

— Bientôt, je vous le certifie, il sera en votre pouvoir.

En ce moment Curumilla posa sa main sur le bras de Valentin.

— Eh bien, chef, qu’y a-t-il ? demanda celui-ci.

— Écoutez, fit l’Indien.

Les chasseurs prêtèrent l’oreille. Bientôt ils entendirent à une assez grande distance des cris confus qui, d’instant en instant, devenaient plus distincts, et finirent bientôt par se changer en une épouvantable rumeur.

— Que se passe-t-il donc ici ? demanda Valentin tout pensif.

Les cris augmentaient dans des proportions ef-