Page:Aimard - La Loi de Lynch, 1859.djvu/378

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en regardant comme lui attentivement sur le sol.

Tout à coup Valentin se baissa, ramassa un morceau d’écorce large comme la moitié de la main et le montra à don Miguel.

— À présent tout m’est expliqué, dit-il. Voyez ce morceau d’écorce, il est froissé et mâchuré comme s’il avait été fortement pressé par une corde, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Eh bien, vous ne comprenez pas ?

— Ma foi non, pas plus que tout à l’heure.

Valentin haussa les épaules.

— Écoutez bien, dit-il, le Cèdre-Rouge est arrivé ici ; avec son lasso il a pris l’extrémité de cette grosse branche que vous voyez là au-dessus de notre tête ; aidé par ses compagnons, il l’a courbée jusqu’à terre. La raie noire que nous avons vue témoigne des efforts que ces hommes ont été obligés de faire. Une fois la branche courbée, les compagnons du squatter sont montés dessus les uns après les autres ; le Cèdre-Rouge, demeuré le dernier, s’est laissé enlever par elle, et tous se sont trouvés à soixante ou quatre-vingts pieds de terre : cela est fort ingénieux, convenez-en ; mais, malheureusement, les bottes du squatter ont laissé sur le roc une raie épaisse comme un cheveu, des feuilles sont tombées de l’arbre ; en détachant son lasso, un morceau d’écorce s’est brisé, et, comme il était pressé et ne pouvait redescendre et faire disparaître toutes ces preuves accusatrices, je les ai vues, et maintenant je sais aussi bien tout ce qui s’est passé ici que si j’y avais assisté.

Ce n’était plus de l’étonnement que témoignaient les amis du chasseur à cette explication si claire et si nette, c’était une admiration mêlée de stupeur ; ils