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beaucoup d’hommes, d’aimer, en certaines circonstances, à faire parade de ses connaissances acquises de la vie du désert.

Ce travers, qui se rencontre fort souvent dans les prairies, était pardonnable et ne nuisait en rien au beau caractère du chasseur.

— Vous allez voir, reprit-il avec cette espèce de condescendance que mettent les personnes qui savent bien une chose à l’expliquer à celles qui l’ignorent. Le Cèdre-Rouge est venu ici et il a disparu. J’arrive et je regarde, il n’a pu ni s’envoler ni s’enfoncer en terre : il faut donc absolument qu’il ait pris un chemin quelconque par lequel un homme puisse passer ; voici d’abord un amas de feuilles éparses sur le rocher, premier indice.

— Comment cela ?

— Pardieu ! c’est clair pourtant ; nous ne sommes pas à la saison où les arbres perdent leurs feuilles : elles ne sont donc pas tombées.

— Pourquoi donc ?

— Parce que, si cela était, elles seraient jaunes et desséchées, au lieu qu’elles sont vertes, froissées, quelques-unes même sont déchirées : donc il est positif, n’est-ce pas, qu’elles ont été violemment arrachées de l’arbre.

— C’est vrai, murmura don Miguel au comble de l’étonnement.

— Maintenant, cherchons quelle est la force inconnue qui les a arrachées à la branche.

Tout en disant cela, Valentin s’était mis à marcher, le corps penché vers la terre, dans la direction où lui était apparue la ligne noire.

Ses amis imitaient ses mouvements et le suivaient,