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amour-propre vivement excité le poussait à brusquer le dénoûment de cette intrigue ; aussi était-il résolu à mener les choses si vigoureusement que, malgré sa finesse, le Cèdre-Rouge tomberait bientôt entre ses mains.

Après avoir, ainsi que nous l’avons vu, quitté les hautes régions de la Sierra, les chasseurs s’étendirent en éventail, afin de chercher un indice quelconque qui pût leur faire retrouver la trace depuis si longtemps perdue, car, d’après cet axiome bien connu des coureurs des bois, tout rastreador qui tient un bout d’une piste doit infailliblement, à un temps donné, arriver à l’autre bout.

Malheureusement aucune trace, aucune empreinte, ne se laissait voir ; le Cèdre-Rouge avait disparu sans qu’il fût possible de découvrir le moindre signe de son passage.

Cependant Valentin ne se décourageait point ; il étudiait le terrain, inspectait chaque brin d’herbe, interrogeait tous les buissons avec une patience que rien ne pouvait fatiguer. Ses amis, moins habitués que lui à ces déconvenues si fréquentes dans la vie du chasseur, lui jetaient en vain des regards désespérés ; lui, marchait toujours le corps courbé vers le sol, ne voyant, n’écoutant ni les gestes ni les paroles.

Enfin, vers le milieu du jour, après avoir fait près de quatre lieues de cette façon, rude tâche que celle-là ! les chasseurs se trouvèrent sur un rocher entièrement nu. En cet endroit, c’eût été folie que de chercher des empreintes, le granit n’en peut garder. Don Miguel et son fils se laissèrent tomber sur le sol, bien plus par découragement que par fatigue.