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Le guerrier retomba en arrière comme foudroyé, et expira sans pousser un cri, sans exhaler un soupir.

— C’est égal, murmura le bandit en essuyant son couteau, voilà une bonne arme. Maintenant, quoi qu’il arrive, je suis certain de ne pas mourir sans vengeance.

Nathan, lorsqu’il avait vu son déguisement inutile, avait demandé à reprendre ses vêtements, ce qui lui avait été accordé. Par un singulier hasard, l’Indien qu’il avait poignardé s’était adjugé sa gibecière et son rifle, le jeune homme les lui reprit ; il poussa un soupir de satisfaction en se retrouvant en possession de ces objets pour lui si précieux, et revêtu de nouveau de son costume de coureur des bois.

Le temps pressait, il fallait à tout prix s’éloigner, tâcher de tromper les sentinelles et quitter le camp. Qu’avait-il à craindre ? d’être tué ? S’il restait, il savait parfaitement le sort qui l’attendait ; pour lui l’alternative n’était pas douteuse : il valait mille fois mieux jouer bravement sa vie dans une partie suprême que d’attendre l’heure du supplice.

Nathan promena un regard farouche autour de lui, pencha le corps en avant, prêta l’oreille et arma silencieusement son rifle.

Le calme le plus profond continuait à régner dans le camp.

— Allons ! murmura le jeune homme, il n’y a pas à hésiter, partons !

En ce moment le sifflement du serpent-ruban résonna de nouveau.

Nathan tressaillit.

— Oh ! oh ! fit-il, il paraît que l’on ne m’a pas abandonné comme je le croyais.