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cet homme qu’il avait tant d’intérêt à ménager. Il changea de tactique.

— Moins que tout autre, dit-il avec douceur, je me reconnais le droit de contrôler les actes des guerriers ; ne suis-je pas un homme de paix ?

L’Araignée sourit avec mépris.

— En effet, dit-il d’un ton de bonne humeur, les grands médecins comme mon père sont comme les femmes, ils vivent très-longtemps ; le Wacondah les protège.

Le prétendu sorcier se garda bien de relever ce qu’il y avait d’amer dans le sarcasme que lui lançait son interlocuteur.

— Mon fils retourne à son village ? lui demanda-t-il.

— Non, répondit l’autre ; je vais, au contraire, rejoindre le grand chef de ma tribu qui, avec ses plus célèbres guerriers, est en expédition.

— À quelle tribu appartient donc mon fils ?

— À celle de l’Unicorne.

Nathan tressaillit intérieurement, bien que son visage demeurât impassible.

— Ooah ! fit-il, l’Unicorne est un grand chef ; sa renommée s’étend sur toute la terre. Quel guerrier oserait lutter avec lui dans la prairie ?

— Mon père le connaît ?

— Je n’ai pas cet honneur, bien que souvent je l’aie désiré ; jamais jusqu’à ce jour je n’ai pu me rencontrer avec ce chef célèbre.

— Qu’à cela ne tienne ; si mon père le désire, je le lui ferai connaître.

— Ce serait un bonheur pour moi, mais la mission que m’a confiée le Wacondah réclame ma présence loin d’ici encore. Le temps me presse ; je