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ment était âgée, mais encore Européenne, c’est-à-dire nullement habituée à la vie du désert, il avait compris, sans que personne lui en fit l’observation – car Mme Guillois serait morte avant de se plaindre, et elle seule aurait pu parler ; – il avait compris, dis-je, qu’il lui fallait modifier complètement sa manière de voyager. Ce fut ce qu’il fit.

Les deux femmes, montées sur de forts chevaux, Mme Guillois commodément assise sur un coussin fait avec sept ou huit peaux de panthère, furent, de crainte d’accident, placées au centre de la troupe qui, à cause de sa force numérique, n’avait pas pris la file indienne.

On marcha ainsi au trot des chevaux pendant toute la journée. Au coucher du soleil, l’Araignée donna l’ordre de camper.

Il descendit de cheval un des premiers, et à l’aide de son couteau il abattit, en un tour de main, un monceau de branches dont il confectionna, comme par enchantement, une hutte pour abriter les deux femmes contre la rosée.

Les feux furent allumés, le souper préparé, et, aussitôt après le repas, tout le monde, excepté les sentinelles, se livra au repos.

Seule, Mme Guillois ne dormait pas, la fièvre et l’impatience la tenaient éveillée ; elle passa ainsi la nuit tout entière accroupie dans un coin de la hutte et réfléchissant.

Au lever du soleil, on se remit en route ; seulement, comme on approchait des montagnes, le vent devenait froid, un épais brouillard planait sur la prairie. Chacun s’enveloppa avec soin dans ses fourrures jusqu’à ce que, vers dix heures du matin, les