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vu assez de ces animaux et d’assez près pour nous croire compétent en pareille matière.

On reconnaîtra au portrait, sinon flatté, du moins exact, de cet animal, qu’il est déjà assez laid de sa nature, au moral comme au physique, sans qu’il soit besoin de l’enlaidir encore et de le transformer en épouvantail.

L’ours gris, lorsqu’il a atteint toute sa croissance, est long d’environ trois mètres.

Son pelage est laineux, très-épais et complètement gris, excepté autour des oreilles, où il est brun.

La physionomie de cet animal est terrible ; c’est le plus farouche et le plus redoutable de tous les carnivores de l’Amérique.

Malgré ses formes lourdes et son aspect pesant, son agilité est extrême. Il est d’autant plus à craindre que son indomptable courage prend sa source dans la conscience de sa force prodigieuse et tient toujours de la fureur.

L’ours gris attaque tous les animaux, mais principalement les grands ruminants, tels que les bisons, les bœufs, etc.

Ce qui probablement a donné lieu aux récits exagérés des voyageurs, c’est que l’ours gris ne s’engourdit pas pendant l’hiver, et que, dans cette saison, affamé au milieu des immenses forêts couvertes de plusieurs pieds de neige, il descend vers les plaines où il sait trouver du gibier, afin de s’en repaître.

Les Peaux-Rouges lui font une guerre acharnée, afin de s’emparer de ses longues griffes aiguës, dont ils se fabriquent des colliers qui sont pour eux d’un grand prix.