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— Allons ! allons ! fit le Cèdre-Rouge en s’interposant, tout cela est parler pour ne rien dire ; ce qui est écrit est écrit, nul ne peut échapper à son destin. Ainsi, s’occuper de ce qui doit arriver est une folie ; écoutez-moi.

— Bien dit, Cèdre-Rouge ; vous avez parlé, caspita ! comme un homme d’un grand sens, et je me range complètement de votre avis ; voyons, qu’avez-vous à nous dire ?

— Je crois que, grâce à la manœuvre que nous avons exécutée, nous sommes parvenus à si bien dissimuler nos traces que le diable en personne ne pourrait deviner la direction que nous avons prise. La première partie de notre tâche a été accomplie sans encombre ; maintenant, ne nous trahissons ni par imprudence ni par trop de précipitation. Je vous ai conduits ici parce que, vous le voyez, à l’extrémité de cette plate-forme, la forêt vierge commence. Le plus difficile est d’escalader le premier arbre sans faire de piste. Quant aux autres, ce n’est plus qu’une question d’adresse ; laissez-moi agir à ma guise, et je vous réponds que vous n’aurez pas sujet de vous en repentir.

— Je le sais bien ; aussi, pour ma part, je vous assure que je vous laisse complètement agir comme bon vous semblera.

— Fort bien. Voici ce que nous allons faire. Vous voyez cette énorme branche qui, à 30 pieds à peu près au-dessus de nos têtes, surplombe sur la plate-forme où nous nous tenons ?

— Je la vois. Après ?

— Avec mon lasso je vais en saisir l’extrémité ; nous tirerons alors à nous jusqu’à ce qu’elle se courbe jusqu’à terre ; nous la maintiendrons ainsi pendant